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APRÈS-2015 Sodiaal affiche ses ambitions

Trois ans après sa reprise par Sodiaal, Entremont a résorbé ses excédents de lait. © THIERRY PASQUET

La première coopérative française entend « prendre sa place dans le monde laitier de demain ». Elle veut partager son volontarisme, notamment en Bretagne, pour stimuler la croissance de la production.

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Sodiaal est entrée en Bretagne il y a à peine trois ans en reprenant Entremont. Depuis, le groupe a retrouvé des marchés pour 30 000 t de fromages et les excédents de lait ont presque disparu. L'heure est venue de sortir du bois pour mieux se faire connaître et surtout afficher sa volonté de croissance.

C'est pourquoi mi-novembre, Sodiaal a invité les partenaires de l'élevage breton (OCL, centres de gestion, banques, lycées agricoles...). Le message est clair : Sodiaal veut se développer après 2015, de manière maîtrisée. La coopérative aura besoin d'éleveurs motivés et performants. Les partenaires des éleveurs ont un rôle à jouer pour que la production soit au rendez-vous.

Sodiaal collecte 38 % de son lait en Bretagne chez près de 4 000 adhérents. Sur les vingt-quatre tours de séchage du groupe, huit sont en Bretagne. Deux nouvelles tours seront construites dans le Finistère, l'une pour sécher du lait, l'autre pour du sérum. Un investissement de 90 M€ pour le partenaire chinois Synutra et de 10 M€ pour Eurosérum, une filiale de Sodiaal qui préserve ainsi son savoir-faire dans la déminéralisation du sérum. La nouvelle usine devrait être opérationnelle fin 2015.

Sodiaal se projette à l'horizon 2020. Elle a analysé l'évolution prévisible de l'offre et de la demande, et constate un énorme déficit en lait. Elle veut prendre sa place dans la croissance mondiale. Mais comment augmenter l'offre laitière avec des producteurs de moins en moins nombreux ? En 2020, elle prévoit de collecter 4,8 mdl de lait, soit 820 Ml de plus qu'aujourd'hui avec 8 200 producteurs. La livraison moyenne passera alors de 330 000 à 580 000 l.

Les administrateurs de la coopérative ont réfléchi à ce défi majeur et dégagent quelques grands principes. « Sodiaal est favorable à une gestion nationale des volumes, avec une redistribution linéaire des disponibilités », précise Pascal Nizan, président du conseil de Bretagne Est. Il insiste sur la nécessité d'encourager les installations en lait, et donc de motiver les jeunes. « Le métier va évoluer vers plus de spécialisation et de professionnalisme », ajoute Jean-Paul Prigent, président de Sodiaal Bretagne Ouest.

Accompagner les créations d'élevages

Si la coopérative a voulu interpeller les partenaires sur ce thème, c'est parce qu'elle sait qu'elle ne relèvera pas seule le défi. « Le développement se fera à partir de projets personnels, et non plus administrés », poursuit Jean-Paul Clément. Sodiaal se prépare à accompagner des créations d'élevages, considérant que la fin des quotas va aussi libérer des énergies. Dans cette optique couplée à celle de l'agrandissement, Sodiaal appelle à ne pas interférer sur les modèles de production, mais plutôt à sortir des clichés. Sachant que la main-d'oeuvre est un facteur limitant et que la traite attire peu de jeunes, l'automatisation, la spécialisation et le salariat ouvrent des pistes à étudier.

Les partenaires ont clairement apprécié ce vent d'optimisme. Beaucoup constatent que l'image du métier renvoyée par la profession n'est pas très attrayante et va devoir évoluer. La rentabilité de la production laitière est au coeur des conditions à remplir pour susciter des vocations. Mais sur ce plan, avec des coûts alimentaires plus faibles qu'ailleurs dans le monde, la Bretagne a bien senti qu'elle a une carte à jouer.

PASCALE LE CANN

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